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Les mages et nous

Les mages et nous : « inquiétude » pour Dieu,  « inquiétude » de Dieu pour les hommes, et courage. Pour être dans le monde « comme des astres » (Philippiens 2,15)

Les mages sont des hommes venus d’Arabie ou de Perse voire de l’Inde. Ces hommes qui partent alors vers l’inconnu sont, en tout cas, des hommes au cœur inquiet. Des hommes poussés par la recherche inquiète de Dieu et du salut du monde. Des hommes en attente qui ne se contentaient pas de leur revenu assuré et de leur position sociale peut-être reconnue. Ils étaient à la recherche de la réalité la plus grande. Ils étaient peut-être des hommes instruits qui avaient une grande connaissance des astres et qui probablement disposaient aussi d’une formation philosophique. Mais, ils ne voulaient pas seulement savoir beaucoup de choses. Ils voulaient savoir surtout l’essentiel. Ils voulaient savoir comment on peut réussir à être une personne humaine. Et c’est pourquoi, ils voulaient savoir si Dieu existe, où et comment il est, s’il prenait soin de nous et comment nous pouvons le rencontrer. Ils voulaient non seulement savoir. Ils voulaient reconnaître la vérité sur nous, sur Dieu et sur le monde. Leur pèlerinage extérieur était une expression de leur cheminement intérieur, du pèlerinage intérieur de leur cœur. Ils étaient des hommes qui cherchaient Dieu et, en définitive, ils étaient en marche vers lui. Ils étaient des chercheurs de Dieu.

Comme les Mages d’Orient, nous devons être pris par l’ « inquiétude » de Dieu. Cela signifie porter deux « inquiétudes » : l’inquiétude que nous devons avoir pour Dieu, et l’inquiétude qui est une participation à l’inquiétude de Dieu pour nous. C’est cela la foi. La foi n’est pas autre chose que le fait d’être intérieurement touché par Dieu. La foi nous introduit dans un état où nous sommes pris par l’inquiétude de Dieu. Elle fait de nous des pèlerins qui sont intérieurement en marche vers le vrai Roi du monde et vers sa promesse de justice, de vérité et d’amour.  Le pèlerinage intérieur de la foi vers Dieu s’effectue surtout dans la prière. La prière veut nous arracher à notre enfermement dans les réalités matérielles, visibles, et nous transmettre l’inquiétude pour Dieu, nous rendant ainsi ouverts et inquiets aussi les uns des autres.

Les Mages étaient aussi et surtout des hommes qui avaient du courage. Il fallait du courage pour accueillir le signe de l’étoile comme un ordre de partir vers l’inconnu, vers l’incertain, sur des chemins où il y avait de multiples dangers en embuscade. Nous pouvons imaginer que la décision de ces hommes a suscité la dérision, la plaisanterie des réalistes qui se moquaient des rêveries de ces hommes. Celui qui partait sur des promesses aussi incertaines, risquant tout, ne pouvait apparaître que ridicule. Mais pour ces hommes touchés intérieurement par Dieu, le chemin selon les indications divines était plus important que l’opinion des gens. La recherche de la vérité était plus importante que les moqueries du monde apparemment intelligent.

L’humilité de la foi se trouvera à maintes reprises en conflit avec l’intelligence dominante de ceux qui s’en tiennent à ce qui apparemment est sûr. L’agnosticisme aujourd’hui largement dominant a ses dogmes et il est extrêmement intolérant à l’égard de tout ce qui le met en question. Par conséquent, le courage de contredire les orientations dominantes est aujourd’hui particulièrement urgent. Et ce courage ne consiste pas à être agressif, mais à se laisser frapper et à tenir tête aux critères des opinions dominantes. Le courage de demeurer fermement dans la vérité est inévitablement demandé à ceux que le Seigneur envoie comme des agneaux au milieu des loups. « Celui qui craint le Seigneur n’a peur de rien » dit le Siracide (34, 16). La crainte de Dieu libère de la crainte des hommes. Elle rend libres !

Les Mages ont suivi l’étoile, et ainsi ils sont parvenus jusqu’à Jésus, jusqu’à la grande Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde (cf. Jn 1, 9). Comme pèlerins de la foi, les Mages sont devenus eux-mêmes des étoiles qui brillent dans le ciel de l’histoire et nous indiquent la route. Les saints sont les vraies constellations de Dieu, qui éclairent les nuits de ce monde et nous guident. Saint Paul, dans la Lettre aux Philippiens, a dit à ses fidèles qu’ils doivent resplendir comme des astres dans le monde (cf. 2, 15).