skip to Main Content

Solennité du Très Saint-Sacrement

Méditation et témoignages

A la messe je peux regarder à trois niveaux :

  1. La lumière du soleil éclaire. L’hostie c’est blanc, ce n’est pas épais, c’est léger, c’est rond.
  2. La lumière de ma raison me permet de dire : c’est du pain. Je peux même dire : « c’est du pain azyme (voyez l’intello, n’est-ce pas J… ! ». (Ceux qui communieraient plusieurs fois par jour pourraient être appelés « azymes gloutons » (J…)
  3. La lumière de la foi me permet de dire : « C’est Jésus ressuscité. Jésus glorieux. Il a transformé, « transubstantié » un peu de pain en son corps glorieux. Pour moi. Pour venir en moi et me transformer en lui. »

Je participais au Rassemblement régional de Foi et Lumière à Paray en 2012. Après la messe de l’Ascension, Véronique, maman de huit enfants dont six adoptés me rappelle que je dois parler un moment avec les deux petites filles qui feront leur première communion le lendemain. Bertille qui n’a pas pu la faire en paroisse et leur petite Anna, une petite fille porteuse de trisomie 21, qu’ils ont adoptée il y a huit ans. Tous les trois, nous nous mettons à l’écart dans le parc des chapelains et à partir du geste pour bien communier, je fais une petite catéchèse. Nos mains doivent être comme un fauteuil pour le Seigneur, le Roi des Rois. Nous ne disons pas « merci » mais « Amen » parce qu’il ne s’agit pas de politesse mais d’un acte de foi.

Ensuite, je leur propose d’aller dans la basilique voir une curiosité. Je veux leur montrer le vitrail où l’on voit la communion eucharistique de la Vierge Marie. Elle est alitée, les apôtres  l’entourent. Saint Pierre leur donne la communion.

Première surprise : le vitrail se trouve dans la nef latérale, juste au-dessus du tabernacle et au moment où nous arrivons, le Saint Sacrement est exposé… très sobrement, mais magnifiquement avec de belles bougies. Je prends le temps de leur montrer le vitrail puis je leur propose de prendre un petit temps de prière personnelle en silence. A ce moment-là, Anna, qui est gauchère, tend la main gauche et s’avance tranquillement mais d’un pas assuré jusqu’au pied du tabernacle en disant : « Jésus » « Mon cœur », « Je t’aime »… Elle fait plusieurs inclinations puis gravit les deux marches, en continuant de prier avec des paroles que l’on ne comprend pas depuis notre place. Je fais signe à Bertille d’aller la chercher. Mais Anna refuse gentiment. Visiblement, elle veut encore prier.

Au bout de trois minutes, je vais moi-même la chercher délicatement. Elle dit « au revoir, Jésus » et se retourne docilement. A ce moment-là, je me rends compte qu’une quinzaine de visiteurs de la basilique se sont arrêtés pour contempler le temps d’adoration de la petite Anna.

Pour un chrétien convaincu, le Seigneur reste mystérieux mais il sait aussi qu’Il prend soin de lui, qu’Il nous accompagne sans cesse. Voici une anecdote qui s’est déroulée pendant l’école de prière. Un des grands animateurs… appelons-le Jean…, un garçon de vingt ans, raconte ce qu’il a vécu pendant la nuit d’adoration. Cette nuit-là, à l’école de prière, tous les participants, enfants, serviteurs, animateurs se succèdent en silence à la chapelle, toutes les demi-heures pour adorer Jésus exposé dans le Saint Sacrement, un peu comme des sentinelles.

Jean a conduit une équipe d’enfants pendant la nuit. En effet, pour des raisons de sécurité, on ne les laisse jamais seuls entre le dortoir et la chapelle.

Mais il y retourne entre quatre heures et cinq heures du matin, seul, pour une adoration personnelle. Or, durant cette heure, il questionne le Seigneur sur un choix plutôt important qu’il doit faire, concernant son avenir. C’est difficile :  il est indécis, tourmenté, rempli de doutes… Il pense avoir trouvé la lumière quand il est l’heure de remonter se coucher. Cinq heures du matin passées de quelques minutes, il arrive au deuxième étage, le dortoir des garçons… Sur qui tombe-t-il dans le couloir ? Un petit garçon de six ans en pyjama revient des toilettes. Il s’appelle Théo. – ça va Théo ? – ça va !… Or Théo signifie « Dieu » en grec. Il y avait une chance sur mille pour qu’en remontant d’une prière,  genre lutte de Jacob avec l’ange, tourmentée par la question de son orientation, il tombe sur un enfant,  qui plus est, sur un enfant qui s’appelle Théo, et qui réponde à sa question :  « Est-ce que ça va ? » non pas par « j’étais aux toilettes » ou « je n’arrive pas à dormir » ou « quelle heure il est ? » mais simplement « ça va ! », sur un ton d’évidence, de paix intérieure.

Jean, cette nuit-là, au petit matin, a reçu cette rencontre avec Théo comme une merveilleuse attention de son Seigneur. L’avenir dira si cela authentifiait ce qu’il pensait avoir saisi de la volonté de Dieu sur lui. Mais en attendant, ce clin d’œil de Dieu, ce « clin Dieu », l’a établi dans une grande paix et beaucoup d’émotion.

Un amoureux sait reconnaître le passage de son amoureuse au fait qu’un des essuie-glaces de sa voiture est relevé. Sur la route, je sais entendre le message du motard qui est en train de me doubler : Il tend le pied dans ma direction pour me remercier d’avoir serré à droite pour le laisser passer. Je sais reconnaître la satisfaction de mon chien. Il remue la queue pour dire sa joie de me retrouver. A l’esquisse d’un sourire, à un simple regard, à un geste discret de la main, j’entends et je reçois beaucoup d’amour. Permets-moi, Seigneur, de m’exercer à reconnaître et à recevoir tous tes signes de tendresse. Permets-moi Seigneur de désirer Te rencontrer souvent près de la lumière rouge du Tabernacle.

P. Trevet