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2ème semaine de l’avent 

Ce que Jean le Baptiste avait à faire — et parvint à faire — pour notre salut à tous, c’était d’annoncer Jésus. C’est, là encore, un moment important de la venue du Christ dans le monde. Jean le Baptiste fait partie du mystère de la venue de Dieu parmi nous, qui est un événement du passé et, tout à la fois, une réalité du présent. Dimanche après dimanche, dans la liturgie, nous chantons : Béni soit celui qui vient ait nom du Seigneur (Matthieu 23.39). Celui qui vient est l’un des titres du Verbe de Dieu : c’est son Nom propre. Si nous voulons savoir comment il vient, comment reconnaître les signes et les manifestations de sa venue dans notre monde, alors il nous faut considérer la forme de sa venue il y a deux mille ans.

Celui qui est le Verbe de Dieu, le Fils de Dieu, existe éternellement. Au commencement, il n’est pas venu ou devenu : simplement, il était. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que celui qui était et qui est éternellement le même, est réellement venu parmi nous. Le Verbe s’est incarné dans le temps. Et de même qu’il a pris chair, de même un homme, Jean, est arrivé, envoyé par Dieu. Ce qui survint en ce lieu et en ce temps-là, nous montre ce qui survient toujours quand le Verbe de Dieu vient dans notre monde. Jean le Baptiste ne peut pas être dissocié de Jésus. Jean le Baptiste indique Jésus, lorsqu’il dit : Voici l’Agneau de Dieu (Jean 1.29).

Il est un doigt et une voix, comme dans le célèbre tableau de la Crucifixion de Grünewald, où il se tient à côté du Crucifié et le montre de son doigt, prodigieusement allongé : toute sa raison d’être apparaît, pour ainsi dire, concentrée dans ce doigt. Cela continue d’être son rôle dans l’Eglise : détourner l’attention de lui-même vers le Christ. Voici l’Agneau de Dieu : ce sont précisément ces paroles que le prêtre utilise dans la Messe de l’Église d’Occident, afin de détourner l’attention de lui-même vers le sacrement du Christ crucifié. Si Jean le Baptiste ne l’avait pas d’abord montré du doigt, s’il ne l’avait pas montré au moment critique, alors nous n’aurions pas pu entendre la Bonne Nouvelle. Sans Jean le Baptiste, l’Avent ne pourrait pas tendre vers Noël ; sans lui, nous ne pourrions pas sanctifier chaque instant de notre vie.

2e dimanche de l’avent : Brève homélie

La figure de Jean Baptiste domine de toute sa hauteur le temps de l’Avent. Depuis notre enfance, nous avons l’habitude de le considérer comme un prophète, mais savons-nous vraiment ce qu’est un prophète ?

Pour la plupart, c’est une sorte de religieux, diseur de bonne aventure. Mais les prophètes de la Bible étaient bien différents. C’étaient des hommes spécialement choisis par Dieu pour proclamer son message ; en d’autres termes, ils étaient et ils sont toujours ses porte-parole, chargés d’annoncer aux peuples la condamnation portée par Dieu sur leur conduite. C’est pourquoi la mission prophétique était plutôt impopulaire. Jean Baptiste avait une tâche semblable à celle d’Isaïe qui devait faire savoir aux populations que Dieu n’était pas satisfait de leur conduite. Isaïe les incitait à changer de vie, ou alors à affronter le désastre qui fondrait sur eux en tant que nation. Ils n’écoutèrent pas et se retrouvèrent en exil à Babylone. Une fois qu’ils eurent payé pour leurs péchés, Isaïe put alors leur annoncer que le jour de la délivrance et de l’espoir était proche.

Pendant l’Avent, l’Église se revêt du manteau prophétique d’Isaïe et de Jean-Baptiste. Aujourd’hui, elle nous invite, selon les termes de la prière d’ouverture, à « ne pas laisser le souci des tâches présentes entraver notre marche à la rencontre du Christ ». Qu’est-ce qui a besoin d’être éliminé ? Un attachement excessif aux choses matérielles, l’obsession du sexe et de la violence, le désir de changer les autres en copies conformes de nous-mêmes, le refus de donner, à moins d’être sûrs d’un retour.

Ces refus que nous opposons au Christ nous appelant à la conversion retardent, si étonnant que cela puisse paraître, la venue de son Royaume. Un Royaume de paix, de joie et d’harmonie, de justice et d’amour, selon ce qu’en dit Isaïe. Et pendant que nous réfléchissons sur ce sujet, il ne serait peut-être pas mauvais de rappeler que nous sommes dans un temps d’attente et que toute attente exige de la patience, patience envers nous-mêmes et patience envers les autres, car la croissance n’est jamais chose facile ni automatique. Cette période de quatre semaines est donc une sorte de préfiguration en accéléré de la longue attente qui se trouve encore devant chacun d’entre nous.

Mais pendant ce temps, il nous faut aussi écouter les « Jean » parmi nous, les prophètes qui nous incitent à préparer nos cœurs et à accueillir le Seigneur. Et, ce qui est peut-être aussi important, nous devons commencer à nous considérer comme des hommes et des femmes qui avons reçu nous aussi une mission prophétique en montrant aux autres ce Jésus qui nous a été montré il y a si longtemps.