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Message Avent

« Donne à tes fidèles, Dieu tout-Puissant, d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur, pour qu’ils soient appelés, lors du jugement, à entrer en possession du Royaume des Cieux »

C’est la prière d’ouverture que l’Église nous a donnée à entendre ce 1e r Dimanche de l’Avent, celle qui ouvre tout notre temps de l’Avent, et elle contient l’essentiel de ce qu’une mère attentive, l’Église, veut donner à ses enfants, nous, pour leur vrai bien.

L’Église nous rappelle ainsi que si la finalité de ce temps de l’Avent est la rencontre du Seigneur dans la célébration de la fête de sa Nativité, elle nous relie aussi avec une autre finalité, celle de toute vie humaine : nous sommes appelés, c’est-à-dire que l’être humain a été créé, et chaque personne a reçue la vie pour rencontrer finalement le Seigneur et posséder le Royaume des Cieux, cela selon le dessein de Dieu, le dessein du Père.

« Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous » Jn1,14

C’est un des fondements de notre Foi Chrétienne.
Dieu, le Fils est venu nous rejoindre dans la chair de notre humanité,
pour qu’en Lui, dans notre chair ressuscitée, nous puissions avoir part à sa Divinité.

C’est ce que le temps de l’Avent nous prépare à fêter à Noël. Et vraiment il est heureux qui nous ayons déjà pu vivre ce Dimanche en communauté d’église, non pas en « présentielle » plutôt qu’en « distancielle », selon les termes un peu pompeux et convenus de ce temps, mais en charnel !

« Ce qui est primordial dans l’Eucharistie, ce n’est pas simplement la présence du Christ sous les espèces du pain et du vin. Le Christ n’est pas là pour être simplement présent. Il est là pour se donner en nourriture afin que l’union entre Lui est nous soit la plus vraie, la plus profonde et la plus totale possible. L’Eucharistie n’est pas d’abord une présence, elle est une union, et l’union implique la présence. Elle implique notre présence de croyants. La présence dans le Pain et dans la Coupe, bien qu’elle soit la Présence Du Seigneur dans la vérité de son corps et de son sang sacramentels, va toute entière vers une autre présence. Elle est orientée vers cette autre présence qui est la mienne : elle attend, elle veut être accueillie par ma présence. ( Présentation du nouveau missel romain en langue française – A l’intention des fidèles- Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements – Introduction page 11.)

A la fin de chaque messe, le célébrant nous envoie « Allez, dans la paix du Christ ! », c’est-à-dire, vous êtes envoyés vivre selon ce que vous avez reçu.

Dans la prière d’ouverture de la Messe de ce 1e r Dimanche l’Église nous rappelle le moyen de parvenir à cette fin : « marcher avec courage sur les chemins de la justice ».

Qu’est-ce que cela signifie ? Isaïe le rappelle dans la première lecture :
« Tu viens rencontrer celui qui pratique avec joie la justice, qui se souvient de toi en suivant tes chemins… maintenant, Seigneur, c’est toi notre père. Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes : nous sommes tous l’ouvrage de ta main. »

C’est en accueillant les paroles du Seigneur comme des Paroles de Vie pour aujourd’hui, en recevant les éclaircissements que nous en donne notre Mère l’Église pour conduire notre vie au quotidien, que nous marcherons dans la justice ; si nous appliquons à cela tout notre volonté et notre persévérance en nous appuyant sur notre foi, nous serons des « fidèles ». Et cette fidélité est capitale dans notre cheminement : en effet dans la prière citée l’Église nous fait demander :

« Donne à tes fidèles …» ; autrement dit embrasser tout au long de notre vie ce chemin vital pour notre rencontre ultime avec le Seigneur n’est pas possible sans l’aide de la grâce que Dieu nous donne. Et cette grâce que nous recevons dans les sacrements, et au plus haut point dans l’Eucharistie, n’est pas de la magie, elle agit en nous d’autant plus que nous nous disposons à la recevoir, et c’est ma fidélité qui me le permet ; plus je suis fidèle, plus je marche dans la vraie justice, plus mon cœur est pur, plus il est éclairé par les lumières de l’Esprit Saint.

« Que signifie accueillir la présence du Seigneur dans nos vies ? … L’eucharistie est une action de grâce … mais l’accueil des croyants ne saurait se réduire à cela… Cet accueil est essentiellement un « oui » d’obéissance, un « oui » d’entrée généreuse dans la proposition de Dieu … il est inséparable d’une qualité de vie qui va être comme le reflet de la présence du Christ … Ainsi toute notre existence sera comme une dilatation de l’eucharistie et de la présence du Christ au milieu de nos frères et sœurs. »  (« Présentation du nouveau missel romain en langue française » page 14)

C’est ainsi que Dieu, notre Père, nous façonne et que nous sommes son ouvrage.
Nous sommes une argile douée de liberté et Notre Père nous fait participer à la façon dont il nous modèle, selon l’image qu’il a déposée en nous.
En puisant dans les sacrements la force de vivre chrétiennement, chacune de nos pensées, chacune de nos paroles, chacun de nos actes contribue à nous façonner selon notre vraie identité, celle d’enfant de Dieu dans le Christ Jésus.

Alors oui, nous devons nous réjouir des moyens que nous proposent les médias modernes pour suivre les différentes expressions du culte chrétien : Messe, Chapelet, Chemin de croix… Ils sont forts utiles pour ceux à qui ils sont destinés et dans des circonstances particulières… mais ils ne remplacent pas et ne remplaceront jamais la Messe elle-même, ils ne réalisent pas la double présence telle qu’elle est rappelée dans le texte précité . Il s’agit d’une retransmission, en direct certes, mais il ne reste pas moins que je regarde la célébration sur un écran, je n’y suis pas présent physiquement. Parce que je suis à distance et par écran interposé je ne peux pas être pleinement participant de cette célébration.

La personne malade qui regarde une transfusion sanguine sur un écran n’en est pas pour autant transfusé !

« Il est impossible d’évangéliser sans manifester la joie que porte l’Évangile. Comment témoigner de notre joie d’être chrétiens ? … Les propositions d’évangélisation ne sont pas en vue d’une étape, ni d’un but, car c’est d’abord la rencontre avec Jésus qui m’aime et qui change ma vie. »

Notre réflexion sur ce début du Temps de l’Avent nous placent bien au cœur des paroles de notre évêque pour le renouveau de la mission dans notre diocèse.

Tout cela en soi est simple, nous le savons, nous l’avons déjà entendu, et même nous nous attachons à le vivre ; l’enjeu n’est pas là principalement, mais bien plutôt dans la fidélité au long du temps qui passe sans se laisser distraire, voir détourner par les circonstances que nous rencontrons. Jésus le sait bien lui qui nous a redit à 4 reprise ce Dimanche : Veillez !

L’erreur qu’il souligne souvent c’est l’appesantissement du cœur, la lourdeur, l’inertie d’une vie attirée par les réalités éphémères de ce monde au point que son tourbillon nous emporte, laissant ainsi filer notre vie dans l’inconscience de sa fragilité, dans l’oubli des limites du temps.

Le Coronavirus et la Covid comportent peut-être un piège de ce point de vue, quand pour nous chrétiens, le climat actuel, fait de surprotection, de confinement et d’angoisse entretenue, s’accompagne d’une privation des rites qui nous vivifient jusqu’à risquer d’en amoindrir le sens et relativiser la vérité de notre Foi.

La vie terrestre est précieuse et il faut en prendre soin, mais son sens profond est d’être une étape dans notre marche, étape capitale, mais le temps que nous vivons ici n’est pas l’éternité, il en est la préparation. Jésus invite les croyants de toutes les époques à se démarquer de toute forme de sécularisation pour ne pas se laisser voler ou amoindrir la merveilleuse espérance que nous donne notre foi, et risquer de gaspiller la chance qui nous est offerte de nous préparer à entrer en présence de Dieu.

L’Avent prépare les disciples de Jésus à fêter dans la joie et l’allégresse l’anniversaire du jour de la naissance du Fils de Dieu dans la chair de notre humanité, en même temps que la naissance de la joyeuse espérance de la naissance de notre chair à la vie de ressuscité ;

L’Avent rappelle au disciple de Jésus que dès maintenant leur vie quotidienne peut être chemin de communion avec Jésus et anticipation de la vie du Ciel ;

Enfin, l’Avent célèbre le désir profond qui devrait animer les disciples de Jésus : voir revenir leur Seigneur dans la Gloire , pour rétablir son « règne sans limite et sans fin:règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix. » selon la préface de la Messe du Christ Roi célébrée le 22 novembre dernier.

Alors en Avent tous !

p. Patrice Missonnier (01/12/2020)