Vendredi 13 décembre 20h00 Église de Monistrol Sur Loire Veillée Chants de Glorious (Projection vidéo…
Grand angle !
Parfois votre curé s’interroge sur l’évolution des pratiques à l’intérieur des églises. Avant, on entrait dans l’église sur la pointe des pieds et on manifestait un respect tout religieux pour ce lieu dont on nous répétait qu’il était sacré. Même les incroyants respectaient cette attitude. Aujourd’hui je me demande comment nous avons fait pour transformer nos églises en musées qui sont parfois visités avec la même légèreté que n’importe quelle exposition. Comment avons-nous fait, (et c’est le thème de mon propos), pour transformer nos célébrations en séances plus ou moins théâtrales où la photographie semble plus importante que ce qui est célébré ?
C’est l’été et nous aimons tous ces moments privilégiés où nous pouvons partager le repas sur la terrasse ou sur un coin d’herbe. Ces instants sont immédiatement gâchés par ces insectes impudents qu’on appelle des guêpes et qui viennent allègrement piller viandes et desserts… Dans nos églises , maintenant c’est la même chose : A peine a- ton annoncé un baptême, une communion ou un mariage que les photographes brandissent caméras, téléphones, ou tout autre appareil dont certains sont d’une discrétion plus que douteuse…On peut comprendre que chacun aime avoir un cliché de l’évènement, mais à une époque où il est si facile de transférer des textes ou des images, on ne saisit pas bien l’intérêt d’avoir des dizaines de photos du même mouvement. Une entrée dans l’église devrait avoir une autre tenue que la montée des marches au festival de Cannes !
Généralement cet incident est de courte durée et, bon gré mal gré les appareils rejoignent presque tous l’endroit d’où ils n’auraient pas du sortir… Presque tous ! Mais pas tout à fait tous ! Car il y a pire que les guêpes, il y a les bourdons. A ce titre là, les photographes qui se disent professionnels, peuvent être, parfois, redoutables. Ils n’envisagent en aucun cas de saluer le célébrant, encore moins de lui demander s’il autorise leur présence et s’il accepte d’être « mis en boite » durant toute la cérémonie : Le célébrant n’existe pas pour eux et il n’a rien à leur dire : ils sont « professionnels » ! Et malgré leur label de professionnels ils ne connaissent pas le droit à l’image. Ils photographient, pardon, ils mitraillent sous tous les angles, s’agitent, prennent des poses, s’autorisent l’accès aux moments les plus religieux… Plus de 300 clichés me disait récemment l’un d’eux et ils étaient deux à gigoter pendant toute l’heure, soit 600 clichés ! « Je fais mon travail » m’a répondu celui à qui j’avais eu l’insolence de dire que moi aussi je voulais faire mon travail sereinement ! « C’est un lieu public » a-t-il cru bon d’ajouter ! Je vois bien une telle attitude dans une salle d’hôpital, devant un professeur en cours, devant le chef de gare, ou dans bien d’autres lieux qui sont aussi des lieux publics ! Tout n’est pas possible, même dans un lieu public ! Il n’est pas question de parler de sens du sacré et du respect de ce que nous voulons célébrer car c’est inaudible … Je suis certain que les imams et les rabbins n’ont pas ce problème car ils expliquent de façon plus percutante la limite entre le profane et le sacré !
Mais revenons à l’église : Voici venir les lectures ! Et tata Lulu monte 0 l’ambon pour lire Saint Paul aux Corinthiens. Immédiatement les flashes crépitent tant l’instant est solennel. Tata Lulu tente de se présenter sous son plus beau profil, du coup on ne l’écoute pas, on la regarde … « L’amour prend patience, l’amour supporte tout » dit Saint Paul… le célébrant voudrait bien « prendre patience », mais là il « perd patience. »
Quelques photos pour avoir le souvenir de l’instant, c’est normal. En faut-il des centaines ? Comment garder la juste mesure et la bonne attitude dans l’église ? Comment faire le tri entre le vrai photographe, compétent discret et respectueux et celui qui doit prendre 300 clichés pour en garder deux de bons ? Comment pouvoir célébrer respectueusement et redonner à nos églises leur caractère sacré ?
P. Jo Valentin