Les premières icônes de la Vierge Marie qui allaite sont très anciennes. D’origine copte, ces…
L’église catholique et la pédophilie, ma réaction
Article d’un prêtre du Sud-Ouest qui peut nous aider dans notre réflexion :
Ces dernières années, et plus encore ces derniers mois, paraissent régulièrement dans les médias des révélations d’abus sexuels sur mineurs commis par des membres de l’Eglise catholique et des révélations de silences coupables de la hiérarchie. Prêtre catholique moi même je me sens atteint à plusieurs titres par le contenu de ces révélations.
En premier lieu, je me sens meurtri devant l’ampleur des dégâts causés sur des enfants, blessés à vie par ses atteintes sexuelles. Il est sans doute impossible, sans l’avoir vécu soi-même, d’imaginer ce que ces personnes ont enduré dans le secret, ce que cela représente comme fardeau dans le développement de leur personnalité et de leur affectivité, ce que cela a atteint dans leur capacité à faire confiance à un adulte, à l’Eglise et à Dieu. J’ai parfaitement conscience que cette peine que je ressens n’est qu’une goutte d’eau dans un océan de souffrance, mais elle est ma participation modeste à leur douleur : « Si un seul membre du corps souffre, tous les membres partagent sa souffrance » (1 Co 12, 26).
Ensuite, j’ai honte personnellement, que ma fonction de prêtre soit entachée par les horreurs commises par certains de mes confrères. Je suis peiné que l’Eglise que j’aime tant soit salie de cette manière. Enfin, je suis bien triste de voir s’installer dans notre société une méfiance et une prudence excessive dans les relations entre enfants et adultes (et pas seulement dans l’Eglise). Tout geste d’affection ou d’attention peut désormais être source d’interprétation malveillante. La révélation de ces nombreux cas de pédophilie paraît à certains comme une sorte d’acharnement médiatique envers l’Eglise Catholique. A mon point de vue, il y a du vrai et du faux dans cette perception. Il est toujours temps, et toujours bon, que puisse apparaître au grand jour les agressions subies, trop longtemps tenues cachées. Le déferlement de toutes ces nouvelles est révélateur de l’attente très forte d’une Eglise irréprochable. Et à juste titre. Comment accepter qu’un prêtre qui a pour mission de prêcher le message du Christ fondé sur l’amour de Dieu et l’amour des autres puisse se rendre coupable de tels actes ? Des journalistes font leur travail honnêtement, au service des victimes et de la purification de l’Eglise. Les faits passés ne peuvent être tus, et les responsabilités de chacun, quelle que soit sa fonction hiérarchique, doivent être établies. Il faut que la justice s’exerce au mieux.
Toutefois, force est de constater que dans de nombreux médias, le traitement des faits n’est pas objectif. Il y a une sorte de focalisation sur les faits de pédophilie commis au sein de l’Eglise, alors que, numériquement, il s’agit d’un pourcentage très réduit du nombre total d’abus sexuels sur mineurs (probablement pas plus de 1 ou 2 % des cas). En France, on estime qu’environ 5 à 10 000 enfants par an sont victimes d’agressions sexuelles. La grande majorité de ces atteintes sur des enfants est perpétrée dans le cercle familial élargi, qui a lui seul représenterait plus de 80% des cas de viols et violences sexuelles selon le journal de La Dépêche du 4/09/2002. Cela n’atténue pas la gravité des faits commis dans l’Eglise. C’est une évidence. Mais l’inégalité de traitement de l’information sur ce sujet est flagrante.
Comment se fait-il que nous n’entendions presque rien sur ce qui se passe dans les autres institutions qui sont au contact d’enfants ? Quelques chiffres sur l’éducation nationale : le journal Libération dans un article du 16 mars 2016 parle de 26 cas de radiation pour pédophilie et pédopornographie en 2013, de 19 en 2014 et le journal Le Monde du 23 février 2017 parle de 27 cas en 2015 et de 30 en 2016 soit un total de 102 sur 4 ans ! En aviez-vous entendu parler ? Comment se fait-il que ces chiffres importants ne donnent pas lieu à des articles fréquents alors que c’est le cas pour l’Eglise ? Qu’en est-il pour les clubs sportifs, les centres de loisirs ou de vacances ? Les chiffres avancés pour l’Eglise font scandale et c’est normal. Mais ils ne sont jamais mis en regard de la totalité des chiffres. (…) Il a été demandé il y a quelques semaines qu’une commission d’enquête soit mise en place concernant les faits dans l’Eglise. Comment se fait il qu’une telle commission ne soit pas demandée pour les autres institutions ? Le pape François met en cause le cléricalisme, qui conduit à considérer les prêtres comme des hommes au-dessus du lot, sans discernement et sans prudence. L’opinion, relayée par les médias, met en cause le célibat ecclésiastique, et la frustration sexuelle qu’il génère. (…)
L’expérience d’accompagnement et d’écoute de couples me permet de dire qu’il se vit, là aussi, (dans les couples) des difficultés toutes aussi vives. Dans tous les cas heureusement, la frustration ne se résout pas systématiquement par l’abus sexuel sur des mineurs ! S’il y a bien des célibataires qui sont pédophiles, je ne crois pas me tromper en disant que la pédophilie est une perversion de la sexualité qui n’est pas liée au célibat. Sinon comment expliquer que la majeure partie des actes pédophiles soit perpétrée dans le cadre familial par des adultes vivant une sexualité. (…) Dans le cas de l’Eglise, un confrère me faisait remarquer que ce ne sont pas des prêtres qui sont pédophiles, mais des pédophiles qui sont devenus prêtres. Ils l’auraient probablement été s’ils avaient exercé une autre fonction dans la société. Ce n’est pas le fait d’être prêtre qui entraîne une perversion de la sexualité. La perversion précède le choix et l’exercice d’un métier ou d’une vocation.
L’Eglise doit faire la vérité sur ces questions et trouver les moyens d’éviter que des pédophiles puissent accéder au sacerdoce et à la vie religieuse. Mais j’aimerais qu’il en soit demandé de même aux autres institutions. La question des abus sur les enfants ne pourra se régler sans un travail de l’ensemble des structures de notre société. Encourageons ce travail de vérité dans la société et dans notre Eglise, pour que les victimes puissent être reconnues dans leurs souffrances et puissent se reconstruire. Pour ceux qui partagent notre foi, consacrons du temps à prier pour elles.
Père Bruno de BERU+
Curé de Mussidan et de Montpon
Le 15 février 2019