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Prière du soir d’une grand-maman

Il est presque sept heures, seulement sept heures, le temps m’a paru bien long aujourd’hui…
Depuis qu’on m’a amenée ici, au Foyer, les journées me semblent interminables.
De mon fauteuil, je me retrouve seule, face à Toi, Seigneur, sur la petite croix à la tête de mon lit.
C’est dur, Seigneur, de me retrouver ici, mais c’était sans doute mieux ainsi.
Tu vois, j’ai eu beaucoup d’enfants, j’ai fait beaucoup de sacrifices pour les faire instruire.
Aujourd’hui, ils sont tous bien installés.
Il me semble pourtant avoir fait tout mon possible, mais Seigneur, tu vois,
les années passent et ne se ressemblent pas…
Je pense qu’ils m’ont oubliée, je n’ai presque pas de nouvelles.
Ah ! oui, mon petit-fils avait besoin de mitaines, sa mère est venue me porter la laine…
Je sais, Seigneur, qu’ils sont tous très occupés avec leur petite famille ;
moi, je suis un peu «vieux jeu», alors je serais une surcharge pour eux, un « problème».
Seigneur, aujourd’hui dimanche, personne n’est venu me voir.
Seigneur, s’ils savaient à quel point je les aime ! à Toi, je peux bien le dire…
Maintenant que je ne suis plus utile à personne, viendras-Tu me chercher bientôt ?
J’ai peur et hâte à la fois.
Il me semble que ma vie a été bien peu de chose, pour mériter la joie parfaite, le bonheur éternel avec Toi.
Je Te fais le don total de moi-même, et de chacun de mes enfants.
Le temps qu’il me reste, je veux l’employer à ne vivre que pour Toi.
Si Tu décides de me garder encore quelques années, Seigneur,
est-ce que je peux Te demander de donner Toi-même un peu d’utilité à mes pauvres prières ?
C’est à peu près tout ce que je peux faire…
Seigneur, puis-je me permettre de t’inviter avec ta Mère ?
On pourrait peut-être passer cette soirée ensemble, tous les trois…