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Homélie du dimanche 8 Novembre 2020

La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leurs désirs en se faisant connaître la première. Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte. Penser à elle est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci.  La Sagesse va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre.(Sg 6, 12-16) En ces temps de pandémie, nous voilà invité à rechercher ardemment un virus qu’il nous est fortement conseillé d’attraper, qui non seulement ne demande pas de protection particulière, mais pour lequel, plus nous serons contagieux et mieux cela sera;  Pas étonnant du coup que l’église nous fasse demander : “Dieu qui es bon et tout-puissant, éloigne de nous tout ce qui nous arrête, afin que sans aucune entrave, ni d’esprit ni de corps, nous soyons libres pour accomplir ta volonté.” (Prière d’ouverture de la messe de ce Dimanche) Mais comment vivre une telle liberté alors que, confinés, nous nous sentons justement de plus en plus entravés ?  L’église nous répond par la Sagesse, et par la liberté comme chemin pour choisir la Sagesse dans notre vie : libre d’être sage, mais non pas selon le monde mais selon Dieu : voilà de quoi entrevoir le Coronavirus sous un angle différent, l’accueillir aussi dans un solide regard de Foi, porté par l’Esprit Saint, l’éclairer par le Corona-Spiritus, si j’ose dire. L’homme participe à la sagesse et à la bonté du Créateur qui lui confère la maîtrise de ses actes et la capacité de se gouverner en vue de la vérité et du bien. (Cec 1954)

Voilà déjà un point d’orientation pour démarrer chaque journée et en tout cas une belle demande à faire dans la prière du matin. De plus il nous est bon d’entendre, n’est-ce pas, qu’il nous reste encore quelque chose à gouverner par nous-mêmes! Aux hommes, Dieu accorde même de pouvoir participer librement à sa providence en leur confiant la responsabilité de  » soumettre  » la terre et de la dominer (cf. Gn 1, 26-28). Dieu donne ainsi aux hommes d’être causes intelligentes et libres pour compléter l’œuvre de la Création, en parfaire l’harmonie pour leur bien et celui de leur prochains. Coopérateurs souvent inconscients de la volonté divine, les hommes peuvent entrer délibérément dans le plan divin, par leurs actions, parleurs prières, mais aussi par leurs souffrances (cf. Col 1, 24). Ils deviennent alors pleinement « collaborateurs de Dieu  » (1 Co 3, 9 ; 1 Th 3, 2) et de son Royaume (cf. Col 4, 11).( Cec 307)

Voilà les perspectives de la Sagesse à laquelle l’église nous invite en ce Dimanche et elle le fait en mettant en perspective d’abord les paroles que Saint Paul adresse aux Thessaloniciens pour qu’ils se réconfortent les uns les autres, puis celles de Jésus qui nous rappellent à la vigilance dans l’Espérance.

La parabole de Jésus nous place clairement dans la perspective du Royaume de Dieu et de son retour en gloire que nous proclamons comme un appel pressant dans le credo de chaque Dimanche. Toutes choses trouvent leur sens dans leur finalité, ce pour quoi elles sont faites : notre vie humaine plus que tout autre. Nous sommes faits pour le bonheur, qui est pleine communion avec La Sainte Trinité qui en est la source, et cela trouve le début de son achèvement lors de notre passage de ce monde vers le Père, vers le Royaume, par Jésus-Christ, avec Jésus-Christ, en Jésus Christ. Toute notre vie est en vue de ce passage, elle devrait nous conduire à ce passage, elle devrait être ce passage : Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. Ps 89,12. La Sagesse commence là, dans la vérité de chaque jour, dans le poids d’éternité que nous saurons leur donner, y compris les jours dans lesquels nous sommes! Voilà de quoi nous faire regarder autrement ce confinement, comme des baptisés : Les dons du Saint Esprit, parmi lesquels figure la sagesse, rendent les fidèles dociles à obéir avec promptitude aux inspirations divines Cec1831

Sur cette route St Paul invite les disciples à se réconforter les uns les autres en reprenant à leur compte ce qu’il enseigne, l’évangile par lequel nous savons accomplir cette volonté du Père que l’église nous a fait demandé dans l’ouverture de la messe.“Faites donc de nouveaux progrès, nous vous le demandons, oui, nous vous en prions dans le Seigneur Jésus … La volonté de Dieu, c’est que vous viviez dans la sainteté … n’agissez pas au détriment de votre frère, ne lui causez pas de tort … Pour ce qui est de l’amour fraternel, vous avez appris vous-mêmes de Dieu à vous aimer les uns les autres … nous vous encourageons à progresser encore : ayez à cœur de vivre calmement, de vous occuper chacun de vos propres affaires et de travailler de vos mains comme nous vous l’avons ordonné. Ainsi, votre conduite méritera le respect des gens du dehors, et vous ne manquerez de rien … Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit … discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le, éloignez-vous de toute espèce de mal.

Toutes entières tournées vers leur Seigneur. 

Accueillantes à chaque moment comme s’ il devait être celui de Sa venue.

Vigilantes  à la garde du cœur pour discerner ce qui est digne  de Lui.

L’huile de leur lampe imprégnée de l’amour de Dieu et passée au tamis d’une charité sans faille…

Nous le comprenons, la Sagesse est question de discernement et de volonté, le tout appuyé sur une Foi solide dont Jésus Christ est l’objet, une Espérance forte dont il est la source et une Charité persévérante et inventive dont il est le modèle. Aussi souvenons avec St Paul que nous proclamons un messie crucifié qui est puissance de Dieu et Sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. Seule la Foi nous permet d’entrer dans la profondeur de ce mystère nous dit le catéchisme car elle se glorifie de ses faiblesses afin d’attirer sur elle la puissance du Christ; C’est la foi de la Vierge Marie qui nous invite et nous apprend à croire que rien n’est impossible à Dieu, et qu’au bout de ce chemin retentit cette belle prière : “Le puissant fit pour moi des merveilles,  Saint est son Nom” (Cec 272-273)

Aussi frères et sœurs  terminons en faisant monter ensemble vers le Père cette prière qu’il a lui-même inspiré :

“Dieu de mes pères et Seigneur de miséricorde, par ta parole tu fis l’univers,
Tu formas l’homme par ta Sagesse pour qu’il soit maître de tes créatures,
qu’il gouverne le monde avec justice et sainteté,
qu’il rende, avec droiture, ses jugements.

Donne-moi la Sagesse, assise auprès de toi ;
ne me retranche pas du nombre de tes enfants :
je suis ton serviteur, le fils de ta servante, un homme frêle et qui dure peu,
trop faible pour comprendre les préceptes et les lois.

Le plus accompli des enfants des hommes,
s’il lui manque la Sagesse que tu donnes, sera compté pour rien.
Or la Sagesse est avec toi, elle qui sait tes œuvres ;
elle était là quand tu fis l’univers ;
elle connaît ce qui plaît à tes yeux, ce qui est conforme à tes décrets.

Des cieux très saints, daigne l’envoyer,
fais-la descendre du trône de ta gloire.
Qu’elle travaille à mes côtés et m’apprenne ce qui te plaît.
Car elle sait tout, comprend tout, guidera mes actes avec prudence, me gardera par sa gloire.
Alors mes œuvres te seront agréables.
Amen”

Sg 8, 1-6.9-12a

Père Patricia Missonnier