Suivons donc les chemins du Christ, ceux qu'il nous a montrés, surtout le chemin d'humilité…
Comment se fait-il que Jésus ait été tenté ?
Jésus est Dieu le Fils. Il n’a commis aucun péché. Il ne pouvait pas commettre de péché.
Comment se fait-il qu’il ait été tenté ?
Une personne ce sont différents étages :
- Il y a l’enveloppe physique : je suis blanc et non pas noir, je suis un garçon, pas une fille, je mesure 1,80 m, je pèse 0 tonne 105 ou 40 kilos ;
- Il y a le niveau sensible, susceptible ou pas, appréciant telle couleur ou telle musique, touché par telle souffrance ou telle autre. C’est le niveau des états d’âme, c’est le domaine de l’affectivité, des sentiments.
- Il y a un « moi » avec des dons : manuels, artistiques, culinaires, intuitifs, …
- Il y a une dimension psychique : je suis marqué par des atavismes familiaux, des blessures de l’enfance, des manques dans l’éducation, et aussi des choses superbes, des habitudes, des réflexes très beaux.
- Souvent on s’en arrête là. Mais il y a un autre étage ; la psychologie n’est pas le tout de la nature humaine. Il ne faut pas oublier le Cœur profond, le centre de ma personne, le tréfonds de mon être, ce sanctuaire intime où Dieu seul peut entrer. Avant d’être monsieur ou madame Untel, je suis le fils de Dieu. Saint Augustin me dit que « Dieu est le plus intime de moi-même. Dieu plus intime que le plus intime de moi-même. »
On sait bien qu’on peut défigurer quelqu’un, on peut mutiler sa sensibilité, ses dons, on peut le blesser dans son affectivité, dans son psychisme. Mais on ne peut pas supprimer son moi profond qui n’appartient qu’à Dieu. Dieu veut prendre le maximum de place. Il veut envahir toutes les zones de notre être.
Voyons Jésus maintenant. Il a un « moi » physique très précis : il était juif, il mesurait une certaine taille, il pesait un certain poids, ses mains étaient rugueuses parce qu’il travaillait le bois, la pierre, et le fer, il était bien charpenté. Il était marqué par le climat de Palestine, les habitudes alimentaires, la langue, l’histoire de son peuple, de son village. Mais son « moi » profond est celui du Fils de Dieu. Jésus a une co-naturalité toute spéciale avec Dieu indicible : d’emblée il appelle YHWH (le Nom de Dieu imprononçable que l’on remplace par « Le Seigneur ») Abba ! Il dit « Papa », « Père bien-aimé » au Dieu Très-Haut, inconnaissable, inaccessible. Le fait qu’il soit Dieu-le-Fils imprègne tout son être, Il aime avec une intuition toute spéciale. Il y a en lui une nappe profonde qui lui fait connaître chacun d’une façon toute spéciale. « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu Nathanaël » (Jn 1,48). « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari car tu en as eu cinq et le sixième avec qui tu vis n’est pas ton mari » (Jn 4,18) Sa mémoire n’est pas parasitée, son regard n’est pas obscurci, son amour est parfaitement pur.
QUESTION : Et les tentations ?… Il faut savoir qu’il y a trois types de tentations :
- La tentation jusqu’à la SUGGESTION.
- La tentation jusqu’à la CONVOITISE.
- Et la tentation jusqu’au PASSAGE à l’ACTE.
La première n’est pas un péché. Si nous prenons l’exemple du livre de la Genèse – rappelons-nous que ce n’est pas un récit de journaliste mais une parabole, une histoire imagée – c’est le moment où Adam et Eve passant sous l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Eve lui dit : – « Oh Adam, tu as vu le beau fruit ? » . Je passe devant la pâtisserie et je vois le bel étalage de gâteaux. Je vois quelqu’un de très attirant et je dis : « Alléluia, merci Seigneur pour la beauté de ta création ! » Nous ne sommes que dans la suggestion, il n’y a pas de péché.
Mais il y a une deuxième étape, la convoitise. C’est le moment où Adam et Eve vont chercher l’échelle pour cueillir le fruit. C’est le moment où je prends 100 euros pour m’acheter tout le plateau de choux à la crème pour moi tout seul. C’est le moment où Minnie fait un superbe clin d’œil à Mickey. Il paraît que le saut entre la convoitise et le passage à l’acte est très petit.
Jésus a subi la tentation de la suggestion. On veut faire de lui un messie humain. On veut le faire roi tout de suite.
Jésus a été tenté comme nous le sommes. Pourquoi ? Pour nous obtenir la force de repousser les tentations : la tentation de nous installer ici-bas ; la tentation d’en rester au niveau de nos états d’âme ; la tentation d’aimer Dieu pour ce qu’il nous rapporte ; la tentation de nous débrouiller tout seuls, sans Dieu ; la tentation de mettre nos assurances dans ce qui se voit, les idoles. (« Les idoles ne sont pas de métal mais elles sont mentales » (Père Manaranche). Ce sont les comptes bancaires, la télévision, internet, le tiercé, tous les jeux de hasard en général, la gloriole. Le pape François parle des « mondanités »…)