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Témoignage

Voici le beau témoignage du docteur Bernard, médecin suisse.

« Voilà déjà douze années que je fus interpellé par un des plus grands mystères de l’histoire des hommes, celui de la Croix. Cette Croix que l’on trouve partout, surplombant les collines ou guidant les voyageurs à la croisée des chemins, dressée au centre des villages ou cachée sur la poitrine des hommes, dressée dans les coins les plus reculés de notre planète, dans les campagnes et dans les villes, du nord au sud et de l’est à l’Ouest, témoignage de martyrs dont la signification est témoin. Cette croix, je ne la voyais plus ou plutôt, je la voyais sans la voir. Et quand je l’ai vue, réellement vue, ma vie bascula dans une sensation étrange, mélange complexe de joie et de douleur, de crainte et de frémissement.

Oui c’est cela, j’étais frissonnant comme un amoureux transi. Et je pleurais à chaudes larmes : larmes de joie et larmes de tristesse. Larmes de bonheur et larmes de colère, colère d’un voyant contre un aveugle. Je revis à la vitesse de l’éclair mes chemins… Ceux où je marchais en toute lucidité. Où je marchais en toute conscience mais où je marchais à contre-sens. Larmes d’un enfant pardonné qui ne savait pas et qui entendait une petite voix douce, témoin d’une présence intérieure insoupçonnée, lui répéter sans cesse : « Tu ne savais pas, tu ne savais pas. » Oui, je ne savais pas, mais je prétendais savoir et devant la croix, seul témoin de ce raz de marée intérieur, je prenais conscience que plus rien ne serait comme avant. Ce jour-là, oui, je suis né de nouveau. »

Croyez-vous que je puisse me permettre de dire que nous sommes ou que nous avons été, pour la plupart d’entre nous, des « êtres infantiles » vis-à-vis de ce mystère de la Croix ? Que nous en sommes restés au b.a- ba du catéchisme de nos premières années ? Et qu’il est consternant de continuer à entendre tout ce qui se dit et que j’ai moi-même dit sur ce sujet ? Notre crise d’adolescence n’en finit point et l’on continue à « jeter le bébé avec l’eau du bain ».

Notre occident judéo-chrétien est porteur d’un trésor inestimable et comme les bovins qui passent leurs têtes entre les fils barbelés pour brouter l’herbe des champs voisins, nous ignorons l’herbe fraîche qui est sous nos pieds. L’Occident a perdu de son âme et ne le sait pas. Dans un stage de ressources humaines, une jeune femme orientale de 20 ans qui venait de vivre quelque chose de fort, suite à la rencontre de ce mystère, avait dit, en pleurs à son amie : « Mais pourquoi c’est toujours l’Occident qui a tout : L’argent, la technique, le bien-être… ? Et maintenant la Révélation du mystère de l’Homme ! »

Que lui a-t-il été répondu ? … Que Celui qui a témoigné de ce mystère est né en Palestine, en Orient, que c’est donc un des siens et qu’il est son héritage.

Comme la plupart d’entre nous, tout au moins en Occident, j’ai été baptisé, j’ai fait ma première communion et j’ai assisté à quelques séances de catéchisme. Et comme la plupart d’entre nous, j’ai quitté tout cela à l’adolescence pour me faire tout seul, répétant ce que j’entendais dans mon environnement, à savoir que tout cela était des histoires pour grenouilles de bénitiers. Je suis devenu athée, j’ai vécu mai 68 et j’ai refusé de faire baptiser mes enfants pour être en conformité avec mes idées.

Nous sommes légions à nous être détournés du spectacle de la Croix, pensant qu’elle était le symbole de la désolation, de la mort, de l’ignominie, de la décadence. Il est contre-nature d’être candidat à la souffrance et nous n’étions pas prêts à imiter Jésus pour accéder à un soi-disant Bonheur éternel.

Aujourd’hui, je veux vous confier que je ne suis pas plus candidat à la souffrance que je ne l’étais hier, mais grâce aux personnes souffrantes qui sont venues me demander de l’aide, mes yeux se sont ouverts et continuent à s’ouvrir progressivement sur ce grand mystère de la Croix.

Oui, j’ai pleuré à chaudes larmes devant la grande méprise du spectacle de la Croix. »